Session publique du 21 septembre 2015.
Intervention de Michel MARCHAL :
(Conseiller départemental du canton de Baccarat)
Monsieur le Président, mes chers collègues,
Etant issu du monde agricole, vous comprendrez aisément que tout ce qui se rapporte à l’agriculture me passionne. Je suis aujourd’hui en retraite mais un paysan n’est jamais en retraite. Je serai paysan jusqu’à la fin.
Ce rapport s’inscrit dans une démarche volontariste du Département pour améliorer la situation des agriculteurs de Meurthe-et-Moselle au vu de la sécheresse mais pas uniquement. Ainsi que le soulignait madame Audrey NORMAND, nous souffrons d’une grave crise conjoncturelle qui va fragiliser énormément le monde agricole et je pense que l’on ne prévoit pas l’importance de son évolution.
Le monde paysan est aujourd’hui en grande difficulté. La politique soutenue depuis des décennies consistait à vouloir maintenir l’exploitation familiale. Mais encore faut-il définir ce qu’est l’exploitation familiale.
Aujourd’hui, l’on entend des critiques fortes à l’encontre de ce que l’on peut appeler la Ferme des Mille Vaches ou, comme évoqué récemment dans la presse, la Ferme des 12 000 Taurillons. Je crois qu’il faut prendre conscience que faire de l’élevage aujourd’hui il « faut en avoir dans les tripes ». On ne s’improvise pas éleveur, c’est un métier difficile, contraignant, et je ne suis pas sûr que l’on puisse encore maintenir des exploitations d’élevage aujourd’hui dans notre territoire mais aussi ailleurs, parce que les conditions économiques font que l’enjeu est trop fort. Les agriculteurs sont confrontés à d’énormes difficultés et ont, de surcroit, énormément de mal à équilibrer leur budget. Ces deux choses étant dites, on voit bien toute la complexité de ce domaine et l’on s’oriente vers des grosses structures pour imaginer les productions.
Nous souscrivons totalement à la proposition du Conseil Départemental et nous voterons ce rapport. Cependant, je suis un peu sur la retenue, certaines propositions existaient déjà auparavant et n’ont aucun rapport avec la crise que nous traversons. Par exemple en ce qui concerne le budget alloué à la MSAL pour l’aide psychologique. Le volet RSA ne représente pas non plus une véritable nouveauté. La politique du RSA pour les salariés non-agricoles a déjà été institutionnalisée ici il y a plusieurs années.
Concernant l’aide à la diversification, là il y a une vraie volonté. L’enveloppe supplémentaire votée à la session de juin dernier et l’abondement de 50 000 euros en novembre prochain, cela va dans le bon sens. Cependant cela ne résoudra pas la totalité des problèmes auxquels est confronté le monde agricole.
Les circuits courts sont un peu un marché de niche. Il est certain que la restauration scolaire représente un potentiel certain. Mais on parle de 15 à 20% de denrées alimentaires provenant des circuits courts mais à quelle échéance ? 15 à 20% de 4 millions d’euros ne représentent pas vraiment une somme si importante. Il faut mettre cela en parallèle avec les productions agricoles.
Donc, je note une volonté de la part du Département, mais surtout une volonté de communication. Un article de presse annonçait aujourd’hui avec force qu’on allait révolutionner le monde agricole et faire en sorte que les agriculteurs soient plus heureux demain. Je n’en suis pas convaincu.
Je voudrais revenir sur les circuits courts. Je vous avais interpellé par courrier, datant du mois d’août, monsieur le Président, afin de connaitre la situation des cantines. Je posais des questions sans doute nécessitant un travail de la part de vos services pour y répondre. Je suis toujours dans l’attente de ces réponses. Cela fait partie de la mission des élus d’obtenir des informations et de faire remonter ces informations auprès des publics concernés.
Donc, je me répète mais le monde agricole traverse aujourd’hui une période très complexe et les propositions faites au niveau national ne sont pas pour rassurer les agriculteurs. Les échéances de remboursement de dettes reportées, pourquoi pas sauf que ces mêmes agriculteurs qui auraient investi dans du matériel se trouveront encore à rembourser ce matériel après son obsolescence. Des mesures fortes doivent être prises s’il on veut conserver une agriculture dans ce pays. La France était un territoire très important en matière d’agriculture et l’on est entrain de laisser s’effilocher tout cela. Je le regrette beaucoup, je pense que nous devons nous ressaisir et je compte également sur le Département et sur des actions beaucoup plus fortes.
Je vous remercie.