Session publique du 27 mars 2024.
Intervention de Sylvaine Scaglia :
Conseillère départementale du canton de St-Max
Madame la Présidente,
Madame la Vice-présidente,
Mesdames les Vice-présidentes,
Mes chers collègues,
Nous avons bien pris connaissance de ce premier schéma de l’Action sociale de proximité sur lequel nous sommes invités à délibérer aujourd’hui.
Un schéma qui n’avait rien d’obligatoire mais qui, semble-t-il, répondrait à un besoin exprimé par les agents du département qui travaillent dans les directions concernées.
Pour commencer, permettez-moi de souligner le fait que ce schéma, qui nous a été présenté lundi, en commission, comme n’étant pas obligatoire, devra s’articuler avec d’autres schémas plus contraignants : le schéma départemental de l’enfance-familles et de la santé publique, le schéma départemental de l’insertion et pacte territorial pour l’insertion et le schéma départemental pour l’autonomie, tous adoptés, pour mémoire tous adoptés au mois de juin 2023 et dont nous avons eu communication en septembre.
Et c’est en ce sens que je souhaitais intervenir au nom de notre groupe afin de relever de vraies divergences d’approche quant à la méthode.
Fondamentalement, qui pourrait s’opposer aux orientations – dites stratégiques – et aux axes retranscrits dans ce schéma ?
À défaut d’être concret et intelligible, ce document de 77 pages dans la KBox a au moins ce mérite d’être consensuel dans son approche.
Nous sommes toutefois surpris par cette capacité que vous pouvez parfois avoir à enfoncer des portes ouvertes.
Je cite en florilège :
– « favoriser l’écoute et la participation des personnes » ;
– « accompagner les agents dans l’utilisation du numérique dans leurs pratiques professionnelles » ;
– « intervenir dans une approche préventive et de développement social » ;
– « accompagner les personnes dans une dynamique d’insertion » ;
– « rendre visible l’action sociale de proximité ».
Madame la Présidente, mes chers collègues, est-ce qu’on ne faisait pas déjà tout ça ? Avait-on réellement besoin d’un schéma supplémentaire pour formaliser une démarche qui était déjà – à une époque pas si lointaine du mois de juin 2023 – censée être au coeur de votre projet départemental et des différents schémas que je viens d’évoquer à l’instant ?
Ce foisonnement littéraire nous laisse particulièrement sceptique.
Pour siéger dans bon nombre d’organismes et de commissions relevant du champ de l’action sociale, je constate de plus en plus le fossé qui se creuse entre les usagers des services sociaux et les réponses que nous pouvons, élus comme techniciens, leur apporter.
Vous nous parlez de « transversalité », vous nous parlez d’« intermission »… Une novlangue très administrativiste qui ne fait qu’éloigner un peu plus nos concitoyens des institutions, en créant par là un terreau propice à l’abstention.
Et au-delà de l’usager se pose également la question du sens et de la mission qui incombe aux agents. Il suffit de constater la profusion d’offres d’emploi dans les métiers liés à l’action sociale pour être certain que ce n’est pas d’un énième schéma dont ils ont besoin.
Quant au suivi de ces schémas, permettez-moi de souligner qu’il est hélas rarement à la hauteur des ambitions affichées. Mais soyons rassurés car, fidèles à notre pratique franco-française consistant à créer de nouvelles couches, nous installons par cette délibération un nouveau comité de pilotage ; le suivi technique de l’ASP relevant de la DASI en lien avec la DAFSP.
Pour ceux qui nous écoutent ou nous regardent en direct, rassurez-vous, un glossaire sera à votre disposition – c’est écrit dans l’introduction, on avance !
À quand le recrutement d’un chargé de mission ou d’un chef de projet pour nous décrypter tout ça ? Parce que nous le valons bien !
Comprenez-nous bien, nous ne sommes pas opposés au fond du document. Mais la méthode est toujours la même : l’adoption du schéma en session publique, une belle communication huilée sur les différents réseaux sociaux du département, une signature en grandes pompes après discours et – je cite ! – « retours d’expérience sur le terrain », une nouvelle communication autour de cette manifestation, et puis… plus rien, ou plus grand chose !
Vous nous indiquez que ce travail a été enrichi lors de rencontres et de temps de réflexion avec des professionnels, partenaires, représentants d’habitants… Or, nous avons entendu à plusieurs reprises, lors de tables rondes organisées au département, des interlocuteurs solliciter un retour sur le travail produit, hélas sans succès.
Vous l’aurez compris, nous n’adhérons pas à cette méthode qui consiste à produire beaucoup d’écrits sans que nous ne puissions en apprécier l’utilité ; et parce que nous sommes une opposition qui veut faire avancer le département, en vous évitant d’être dans un schéma de routine et de répétition, nous décidons de nous abstenir sur cette énième production.
Je vous remercie.
Sylvaine SCAGLIA