Madame le Préfet, Madame la Présidente, mes chers collègues,

Ma question concerne également la communauté des gens du voyage, mais pas sur le même sujet. Nous en parlons peu, mais ce sujet pourtant essentiel m’a été rapporté à l’occasion d’échanges que j’ai eus avec des représentants de la Communauté des gens du voyage, inquiets pour leur santé comme pour celle de leurs enfants. Le saturnisme, qui correspond à une intoxication par le plomb, représente une menace silencieuse, mais redoutable pour la santé publique. Cette affection touche principalement les enfants et les populations vulnérables. Avec des conséquences graves et souvent irréversibles sur la santé et le développement cognitif. En France, malgré des progrès significatifs, le saturnisme demeure une problématique préoccupante. Bien que l’utilisation du plomb ait été drastiquement réduite, de nombreux bâtiments anciens contiennent encore des peintures au plomb et des canalisations contaminées peuvent persister. L’exposition des enfants à ces sources de plomb, principalement par ingestion de poussières ou de particules de peinture écaillée, constitue la principale voie d’intoxication. Les effets du saturnisme sont particulièrement dévastateurs chez les enfants. Le plomb interfère avec le développement du cerveau et du système nerveux, entraînant des troubles cognitifs, des difficultés d’apprentissage, des problèmes de comportement et, à long terme, des impacts négatifs sur leur réussite scolaire et professionnelle.

Sur le plan réglementaire, la France a mis en place des seuils stricts pour la présence de plomb dans les habitations et les produits de consommation. Le dépistage systématique chez les enfants vivant dans des zones à risque permet d’identifier précocement le cas de saturnisme. Les autorités locales et les agences de santé publique jouent un rôle clé en surveillant les niveaux de plomb dans l’environnement et en prenant des mesures correctives lorsque des dépassements sont constatés. Toutefois, certaines populations comme la Communauté des gens du voyage passent parfois à travers ces dépistages, notamment celles qui se prêtent à des activités de ferraillage. Chaque acteur, du gouvernement aux professionnels de santé en passant par les familles, a un rôle essentiel à jouer pour protéger les générations futures de cette intoxication. Les progrès réalisés montrent que des actions concertées peuvent faire une différence significative, mais la vigilance et l’engagement continu restent indispensables pour éradiquer le saturnisme.

À titre d’exemple, l’Agence régionale de santé de la Nouvelle-Aquitaine a lancé une étude entre 2017 et 2019 afin de décrire l’exposition au plomb des enfants. L’objectif de cette étude était de repérer et décrire les cas de saturnisme et d’identifier les facteurs de risque d’exposition au plomb. Avec des résultats pour le moins éloquents auxquels je vous renvoie. Dans la mesure où il s’agit d’une problématique de santé publique qui entre notamment en résonance avec notre schéma départemental d’accueil et d’habitat des gens du voyage, je me permets de vous interpeller conjointement, Madame le Préfet, Madame la Présidente, afin de savoir si des actions sont prévues par l’État et le Département de Meurthe-et-Moselle en vue de prendre toutes les mesures qui s’avèrent nécessaires pour protéger les enfants et leurs familles.

Je vous remercie.

Nathalie ENGEL