Session publique du 24 novembre 2023.
Intervention de Anne LASSUS :
Conseiller départemental du canton de Lunéville-2
Madame la Présidente,
Mes chers collègues,
Vous proposez à notre assemblée la mise en place d’un revenu d’émancipation jeunes au sein de notre département.
Nous sommes un peu troublés par cette délibération. En effet, l’État propose déjà un contrat d’engagement jeunes, mis en oeuvre par Pôle emploi et les missions locales et qui assure un revenu aux jeunes de 16 à 24 ans sous certaines conditions.
Vous proposez un revenu d’émancipation de 5OO euros mensuels. Pendant 6 mois, le jeune recevra cette somme sans contrepartie ni obligations ! Permettez- nous d’être très surpris par cette mesure.
Vous nous annoncez vouloir soutenir des publics fragiles et en errance mais pourquoi ne pas les encadrer et les accompagner ? Il nous semble que c’est à cet âge particulier de la vie que les soutiens sont essentiels pour se construire.
Ces publics ont besoin de reprendre confiance en eux et en la société. Ils ont besoin d’être aidés, entourés, soutenus et valorisés. En cela, nous saluons la mise en place très intéressante des services civiques qui donnent une vraie place de citoyen actif aux jeunes qui y adhèrent.
Donner une somme d’argent sans contrôle ni engagement est dangereux, voire irresponsable !
Au-delà de ces 6 premiers mois, le renouvellement de ce revenu pourrait être soumis à une implication du jeune ! Soyons sérieux ! L’argent public est rare, il nous semble important de pouvoir le contrôler. Une co-construction avec les institutions qui travaillent ces sujets est clamée mais aucune articulation concrète n’est actée…
Qu’en est-il du public éligible ? Je reprends des éléments du rapport :
– un revenu destiné – je cite – aux « jeunes ne bénéficiant que de peu ou de pas de soutien familial » : quels sont les indicateurs pour mesurer ce soutien ?
– un revenu destiné – je cite à nouveau – aux « jeunes avec peu ou pas de ressources » : quel plancher ? Quel plafond de ressources ?
Cela est d’autant plus étonnant lorsque l’on sait que la perception de ce revenu pourra engendrer une réfaction des autres aides perçues par le jeune ou sa famille.
600 000 euros budgétés pour aider en moyenne 100 jeunes seulement, mais sur combien en situation précaire ?
Pour finir, vous nous proposez une expérimentation qui engendre la création d’un poste de chargé de mission en catégorie A, voire A+ !
La philosophie et les imprécisions qui entourent cette énième expérimentation nous donnent une impression de très grande improvisation et nous conduisent à voter CONTRE ce rapport.
Je vous remercie.
Anne LASSUS