Session publique du 23 septembre 2024.
Intervention de Valérie PAYEUR :
Conseillère départementale du canton de Baccarat
Madame le Préfet, Madame la Présidente,
Les récentes élections législatives nous offrent de précieux enseignements. La forte mobilisation des électeurs supérieure à celle des consultations précédentes traduit un véritable cri d’alarme de la population. Ce vote ne trouve pas sa source dans la seule politique migratoire, mais elles sont plus profondes et directement liées à la situation économique et sociale de notre territoire. La désertification des services publics frappe durement nos campagnes. Suppressions de transports, fermetures de classes, disparition des services de proximité et pénurie de professionnels de santé. À cela s’ajoutent des contraintes de plus en plus lourdes pour nos communes. Tandis que les aides diminuent, de nombreux maires se trouvent aujourd’hui dans l’impossibilité d’entretenir les routes communales et ont de plus en plus de difficultés à boucler leurs budgets. L’Etat n’a pas renforcé sa présence en zone rurale, bien au contraire. Ce retrait alimente un sentiment d’abandon croissant au sein de la population.
Prenons vite, vite, vite, le temps de revenir sur les politiques menées et leurs conséquences sur le canton. Le projet de mise à 2×2 voies de la N4 à Gogney n’est toujours pas concrétisé, malgré des motions restées sans réponse. Actuellement, 3HSanté suscite de nombreuses interrogations. L’ARS, avec la bénédiction du Conseil départemental, ferme ses structures à Cirey-sur-Vezouze. Cette commune, déjà impactée par des friches industrielles, accueillera dorénavant des friches médico-sociales.
Autre sujet important, la mobilité. L’absence d’infrastructures efficaces et pertinentes pénalise les habitants de nos territoires ruraux. Les collectivités se renvoient la balle tandis que l’État reste sourd. Le département répond par un plan vélo bien loin des besoins réels. On nous annonce une gendarmerie à Einville-au-Jard, mais n’oublions pas les autres, les casernes actuelles. Madame le Préfet, Madame la Présidente, Michel et moi, on vous invite à visiter les casernes de gendarmerie de Blamont et de Cirey-sur-Vezouze. Propriétés de l’État et du département, leur état frôle l’indignité.
Dans le domaine éducatif, la suppression brutale des transports méridiens décidée par le Conseil départemental a contraint les territoires à développer de l’accueil périscolaire. Dans la précipitation, les élus locaux ont dû improviser des regroupements scolaires périscolaires. Soutenus psychologiquement par l’Education nationale, de gros projets émergent. Mais les aides financières sont très insuffisantes. Les budgets, surtout communaux, en souffrent gravement. Enfin, les transferts de compétences imposés par l’État dans les domaines de l’assainissement de l’eau et de l’urbanisme se traduiront par des contributions supplémentaires, aggravant encore le pouvoir d’achat des usagers.
Madame le Préfet, Madame la Présidente, cette liste n’est pas exhaustive et j’en ai coupé beaucoup. J’espère que vous avez pris conscience que sur ces territoires le RN a encore de beaux jours devant lui et que si ce vote est un cri de cœur, un cri de désespoir, les habitants de nos campagnes attendent autre chose que des discours d’empathie. Aujourd’hui et pas demain, ils comptent sur vous.
Madame le Préfet, Madame la Présidente, nous vous demandons de lister les actions concrètes que vous envisagez pour ces territoires fragilisés, fracturés. Nous refusons que notre territoire devienne le terrain des jeux des extrêmes.
Je vous remercie pour l’attention.
Valérie PAYEUR