A l’occasion de la venue de Monsieur Michel FOURNIER, Président des Maires Ruraux de France.

Session publique du 27 novembre 2024

Intervention de Christopher Varin :

Conseiller départemental du canton de Lunéville-1

 

 

Madame la Présidente,

Monsieur le Président Michel Fournier,

Mesdames les présidentes des maires et des maires ruraux, chère Rose-Marie, chère Florence,

Mes chers collègues,

Tout d’abord je tiens à saluer tous les témoignages des partenaires qui se sont succédés ce matin. Vous avez démontré à quel point les compétences régaliennes de nos départements sont cruciales.

Tout d’abord Monsieur le Président, cher Michel FOURNIER, au nom de mes collègues de l’UDC, je souhaite vous remercier pour votre intervention au sein de notre assemblée départementale. J’ai eu le plaisir de vous rencontrer le 16 novembre dernier à Mousson lors de l’assemblée générale des maires ruraux de Meurthe-et-Moselle. Nous y partagions l’indignation de voir l’Etat donner des leçons aux collectivités territoriales en matière de déficit et de dette publique. Oubliant peut-être que nous ne nous endettons que pour investir, jamais pour fonctionner et que nous, nous votons des budgets en équilibre.

1974, c’est l’année du dernier budget en équilibre voté par la France. Depuis cette date, il y a tout juste 50 ans, les budgets de l’Etat ont été systématiquement votés en déficit.

3 228 milliards d’euros, 112% du produit intérieur brut, mécaniquement 3 400 milliards d’euros quoi que nous fassions d’ici l’année prochaine, ce sont les chiffres vertigineux du résultat d’un demi-siècle de pratiques budgétaires françaises et de l’Etat.

N’importe quelle entreprise qui se comporterait de cette manière, aurait mis la clé sous la porte depuis longtemps. Mais nous sommes la France, trop belle, trop grande, trop importante pour défaillir, c’est ce que nous nous sommes dits pendant 50 ans. Et aujourd’hui, la belle endormie se réveille enfin de son long sommeil budgétaire, constatant sa perte de souveraineté, le sacrifice des générations futures et sa perte d’influence sur la scène internationale.

Pour illustrer cela, aujourd’hui notre pays, fondateur de l’Union européenne, autrefois parmi les leaders et les majorités de l’Union en est réduit à tenter d’activer une minorité de blocage pour empêcher le MERCOSUR d’être adopté. Cet état de faits pousse le gouvernement à prendre des mesures d’urgence, acculé par les agences de notations qui menacent de dégrader la note de notre dette souveraine.

C’est alors que le gouvernement annonçait il y a peu, le montant de 10 à 12 milliards d’euros ! C’est ce que l’Etat, dans sa grande bienveillance vis-à-vis de nos collectivités, avait l’intention de nous amputer afin de nous inviter au « régime sec financier » qu’il avait imaginé !

 Merci du peu !

Depuis, nos représentants nationaux, à l’Assemblée nationale ou au Sénat, dans les collectivités locales ou instances nationales, ont largement dénoncé cette « mise à la diète » ! L’investissement public est à l’arrêt, les décideurs locaux n’ont plus aucune visibilité et n’auront peut-être bientôt plus aucune marge de manœuvre.

A l’occasion du congrès des Départements de France, à Angers, comme pour celui des Maires et Présidents d’EPCI, à Paris, les 103 Départements et les 35 000 communes ont été unanimes pour dénoncer une décision unilatérale qui nous condamnerait, sans appel, à l’asphyxie ! Nous sommes bien évidemment au côté de tous les élus locaux de France pour défendre nos territoires, nos services publics et nos marges de manœuvre.

En revanche, puisque notre débat ce matin est plus particulièrement axé sur la situation de notre collectivité, celle du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, je tenais à rappeler, aux uns et aux autres présents ce matin et, absents lundi, notre main tendue, celle des élus de l’UDC, à la majorité départementale pour co-construire le budget 2025. C’est ensemble que nous devons traverser cette mauvaise passe et que nous devons sauver notre territoire de cette attaque nationale en règle.

A travers deux questions d’actualité de l’UDC, celle de ma collègue, présidente de la commission des finances, Sabine Lemaire-Assefeld et celle de mon collègue, Michel Marchal, nous avons proposé la mise en œuvre d’un travail collaboratif avec l’exécutif départemental car nous souhaitions être à la hauteur de nos responsabilités d’élus locaux.

Madame la Présidente, non seulement, vous n’avez pas pris la peine de répondre à cette offre de collaboration, mais pire, par l’intermédiaire du vice-président aux finances, vous avez outrageusement ignoré cette main tendue en n’y portant aucune attention. La presse, présente, nous en sera témoin !

Après avoir échangé avec plusieurs membres de votre majorité, le constat est simple. Vous craignez de devoir sacrifier vos, je cite, « marqueurs politiques » et vous vous y refusez. Vous souhaitez continuer à dépenser l’argent du contribuable Meurthe-et-Mosellan dans des mesures électoralistes qui n’ont été reprises par aucun autre département du Grand Est. Dont acte.

Le ton est donné et même si nous maintenons cette main tendue, nous avons bien compris que vous en faites votre prérogative en tant que Présidente de l’Assemblée départementale et de votre majorité qui conduit la politique de la porte fermée, aux idées des autres ! … On reste dans la cuisine « électorale » !

Lorsque vous envisagerez de nous présenter vos arbitrages budgétaires, madame la Présidente, nous serons prêts à vous faire part d’économies qu’il nous semble possible de faire ou de projets urgent à différer !

Comme nos collègues UDC de la Métropole du Grand Nancy, nous ne serons pas animés d’un état d’esprit de donneurs de leçons même si lundi matin, nous avons pu mesurer que vous et votre majorité excellez en la matière !

Ce qui est sûr, c’est qu’en responsabilité et compte tenu du mandat que nous ont confié nos électeurs, nous ne transigerons pas sur les acquis qui nous semblent intouchables : l’aide aux communes et aux territoires, l’entretien des routes départementales et l’accompagnement des personnes âgées, des personnes en situation de handicap, la politique collège nouvelle génération et l’aide sociale à l’enfance – la protection maternelle et infantile ! Ce sont ces politiques départementales que vous ciblez dans vos courriers menaçant d’y renoncer pour financer votre programme idéologique : dont le revenu d’émancipation est le parfait exemple. Quoi de plus surprenant venant d’une majorité dont l’une des composantes prône le droit à la paresse.

Madame la Présidente, malgré toutes les lamentations que vous avez agités, ici dans les mairies et les conseils communautaires, là dans les conseils d’administration des collèges ; votre discours n’a pas suscité l’émotion espérée partout sur le territoire. Certains chefs d’établissements se même émus de devoir se prononcer sur le budget du conseil départemental en conseil d’administration. Nous serons attentifs à examiner les choix que vous devrez unilatéralement assumer puisqu’ils seront marqués du sceau de votre seule majorité !

J’ajouterai que lundi, vous amorciez ce débat budgétaire en nous interdisant clairement de réagir aux propos outrageux et insultants de votre majorité. Et aujourd’hui vous soumettez au vote de l’assemblée départementale une motion que vous avez déjà diffusée et fait voter par tout le territoire. C’est dire le peu d’intérêt que votre majorité départementale fait de la démocratie et de la liberté d’expression dans cette maison.

Monsieur le Président, cher Michel FOURNIER, le groupe UDC vous remercie pour votre éclairage de ce matin qui, d’une manière ou d’une autre, alimentera nos réflexions et décisions pour 2025 et les années à venir.

Christopher VARIN