Session publique du 19 septembre 2016.
Question d’actualité de Rose-Marie FALQUE :
(Conseillère départementale du canton de Baccarat)
Monsieur le Préfet,
Comme l’an passé, je reviens vers vous au sujet du dernier tronçon de la RN4. J’ai été saisie par Claude BOUFFIER, maire de Gogney, qui m’a fait part de l’inquiétude des élus de sa commune et des communes Mosellanes voisines en raison d’un nouveau tracé qui serait envisagé par la DREAL.
Le projet de tracé présenté en 2006 avait reçu un accord unanime des élus de ce secteur, heureux que la réalisation de ce dernier tronçon de voie rapide soit enfin annoncée. Les aménagements fonciers étaient terminés depuis 2003-2004, entérinant un prélèvement de 22 hectares sur la commune de Gogney. La DUP avait été réalisée, la DREAL avait acheté les terrains nécessaires à l’emprise de la future voie rapide.
Mais voilà… début 2016, la DREAL invite par e-mail les maires à une rencontre concernant un itinéraire de substitution, la rencontre a lieu fin avril 2016. La DREAL annonce que le projet de travaux, chiffré en 2006 à 65 millions d’€ de travaux, doit être revu pour atteindre 45 millions d’€. Il faut faire des économies… Un nouveau tracé est présenté, qui permet d’atteindre cet objectif financier mais pénalise fortement les communes. En effet, le nouveau tracé s’appuie au maximum sur la voirie actuelle, rapproche donc la voie rapide des villages, condamne le château d’eau de Gogney ce qui est inacceptable pour la commune de Meurthe-et-Moselle.
D’autres problèmes se posent sur le rétablissement des chemins ruraux, la desserte d’exploitations agricoles, la nécessité de nouvelles acquisitions foncières, etc… Les élus locaux s’élèvent contre cette seule logique de réduction des coûts poussée à l’extrême qui aboutit à vider le projet de toute sa substance, conduit à une perte d’attractivité des villages concernés et à une accélération de la désertification du monde rural.
Les élus ne comprennent pas pourquoi on veut leur imposer le nouveau tracé et demandent que le projet soit revu avec eux, ainsi qu’avec les co-financeurs, État, Région et Département.
Je vous remercie pour la réponse que vous pourrez m’apporter.
Réponse de Philippe MAHÉ :
(Préfet du Département de Meurthe-et-Moselle)
Madame la conseillère départementale,
La RN4 est, avec l’autoroute A4, le seul grand axe routier de communication Est-Ouest de la nouvelle grande région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine. L’État et les collectivités sont ainsi particulièrement attentifs à une résorption rapide des verrous que constituent les deux sections Saint-Georges – Héming et Gogney – Saint-Georges, et qui passe par la mise à 2 X 2 voies de cet axe.
Au-delà des travaux en cours sur la section Saint-Georges – Héming, l’exercice de revoyure du CPER a permis l’inscription au CPER Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine des études de la section Gogney – Saint-Georges, qui seront cofinancées par l’État, la région et les départements de Moselle et de Meurthe-et-Moselle.
L’État, maître d’ouvrage, est particulièrement attaché à l’achèvement de cette mise à 2 X 2 voies de la RN4 en Lorraine et des enjeux qui s’y attachent, notamment en termes de sécurité routière. Le secteur est en effet particulièrement accidentogène malgré les efforts réalisés en matière de signalisation et contrôles, comme en témoigne le tragique accident mortel à Héming qui a eu lieu semaine dernière.
Sans attendre les discussions du CPER, la DREAL a engagé en 2016 une démarche d’information et de concertation avec les communes concernées par le projet de mise à 2 X 2 voies de la RN4 entre Gogney et Saint-Georges.
Les fonctionnalités originelles de l’opération sont ré-affirmées avec la réalisation d’une route à 2 X 2 voies classée route express et le maintien des points d’échanges, des aires de services et d’un itinéraire de substitution pour les véhicules qui ne seront plus autorisés à emprunter la route express.
Le principe d’un projet optimisé a été proposé avec pour objectifs de réduire la consommation de terres agricoles, de mieux prendre en compte l’environnement et d’offrir des coûts optimisés permettant de favoriser une réalisation plus rapide de l’opération.
Les pistes étudiées consistent à davantage réutiliser la route nationale existante, à mieux épouser le relief pour réduire les volumes de terrassement et la consommation d’espaces naturels et agricoles et à rendre plus lisibles les rétablissements routiers.
Dans ce cadre, la DREAL partage votre préoccupation d’identifier les enjeux liés aux rétablissements des chemins agricoles, à la desserte des exploitations agricoles, au maintien des équipements, tels que la réserve d’eau de Gogney, et aux sensibilités locales et d’y répondre de manière adaptée dans le cadre de l’opération.
La démarche de concertation et de construction partenariale du projet, engagée avec les différents acteurs concernés que sont les maires du secteur, les gestionnaires de voiries et les co-financeurs des études à venir sur cette section sera poursuivie tout au long des études.