Session publique du 17 novembre 2018.
Intervention de Michel MARCHAL :
Conseiller départemental du canton de Baccarat
Monsieur le Président,
Mes cher(e)s collègues,
Mesdames et Messieurs,
La mission sur la précarité que vous avez menée au niveau national conduit, assez naturellement, notre département à être un des 10 territoires expérimentateurs. Le terme utilisé est territoire démonstrateur de la stratégie. Les mots ont sans doute une importance ! démonstrateur : personne qui explique le fonctionnement d’un mécanisme pour en faire la publicité !
Dans ce rapport vous avez pris soin de joindre un diagnostic départemental de la pauvreté. Ce document, au travers de critères cumulatifs, met en évidence d’importantes poches de pauvreté sur notre département et parfois là où ne l’imaginons pas.
Les premières lignes de ce rapport sont révélatrices. C’est un aveu d’inefficacité des politiques départementales et nationales que nous avons mises en place.
- Les dépenses sociales n’ont pas fait reculer la pauvreté
- La France est marquée par la reproduction de la pauvreté avec une forte vulnérabilité des jeunes
- Le système de solidarités ne favorise pas le retour à l’emploi
- Les allocataires du RSA ne sont pas accompagnés efficacement vers l’emploi.
Et pourtant les crédits consacrés à ces missions sont à des niveaux conséquents et en constante progression.
Le constat est amer : La pauvreté monétaire augmente et toutes les mesures que nous avons mis en place et le plan pauvreté de 2013 n’a pas stoppé la hausse mais consolons-nous il l’a peut-être un peu ralenti.
Nous partons dans un nouveau cycle : un nouveau plan que nous pourrions aussi qualifier de nouveau schéma. La contribution de notre département à la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté dans le cadre de la convention qui nous est proposée dans cette session enraillera telle cette dégradation ?
C’est toute la question !
A l’évidence il ne suffit pas de réparer il faut aussi et surtout prévenir. Avons-nous réalisé un bilan des actions antérieures et quelles conclusions en avons-nous fait ?
Vous rappelez les actions menées par notre collectivité : territorialisation, les Conférences Territoriales de Développement Social. Mais aussi le plan de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale et également le récent plan de lutte contre la pauvreté des enfants. Là aussi ces différentes actions ont montré peu d’efficacité confirmant ainsi la non efficience des plans ou des schémas. Confirmant en cela ma réserve sur ces dispositifs. : plan, schéma…….
Toutes ces façons de faire nous renvoient à l’efficacité de nos politiques, à la bonne conscience que nous nous donnons et à l’autosatisfaction qui nous anime lorsque nous mettons en place de tels outils.
Vous évoquez la volonté de ce département à vouloir s’engager dans cette stratégie nationale, au côté du gouvernement avec 9 autres collectivités, départements ou métropoles.
Vous rappelez de nouveau le refus de l’état à financer les allocations individuelles de solidarités fragilisant ainsi, budgétairement, la réalisation d’actions possibles.
Sur ce sujet récurrent, après avoir entendu votre prédécesseur s’acharner contre le gouvernement, davantage lorsque se dernier était de droite, vous reprenez le flambeau avec les mêmes mots.
Pourtant, il y a quelques semaines, une opportunité s’est offerte à vous : une place au gouvernement vous aurait été proposée. Vous l’auriez refusée pour des raisons supposées. Pour ma part je considère qu’il s’agit là probablement d’une belle occasion manquée. Vous auriez pu enfin faire entendre votre voix et changer le cours de l‘histoire.
C’est une parenthèse !
La convention triennale qui nous est proposée évoque un socle commun d’engagement mais elle laisse la possibilité au territoire de développer leurs propres initiatives.
L’engagement financier est clair. Le département maintiendra les crédits qu’il consacre à cette politique mais il apportera des financements complémentaires à hauteur de la contribution de l’Etat soit 1M€ pour 2019. Et peut-être davantage dans les deux années suivantes prévues dans le contrat.
Encore plus d’argent consacré à ce sujet nous oblige à être efficaces. Pour ma part je m’étonne de notre co-financement. Dans cette volonté d’expérimentée l’état aurait dû apporter davantage de financements.
La pauvreté comme son nom l’indique correspond à la situation d’une personne qui manque de moyens matériels, qui manque d’argent. L’éradication de la pauvreté ne peut se réaliser que de deux manières :
- par l’emploi.
- par la solidarité
Nous avons choisi la deuxième option. Nous sommes encore et toujours dans un traitement social de la pauvreté.
Nous allons permettre aux personnes concernées de mieux accepter la misère. Nous sommes très très loin de l’éradication de la pauvreté !!!
Cette option, vous le savez, et sans porter de jugement, est de moins en moins acceptée par ceux qui ont aujourd’hui la chance d’échapper à cette misère et qui partage de moins en moins. Et qui le manifeste à chaque scrutin. Cela doit nous interpeller !
Les mesures envisagées créeront –elles des emplois ? C’est pourtant l’emploi qui fait sortir de la précarité et de la pauvreté et c’est l’emploi qui redonne de la dignité !
Nous consacrons aujourd’hui des sommes budgétaires conséquentes sans véritablement de résultats.
Que dire des orientations et de la déclinaison départementale.
Si j’ai bien compris les dispositifs envisagés:
- Annexe A (etat): Concernant cette annexe elle concerne les orientations nationales (au nombre de 7) que chaque département doit mettre en œuvre. Il y a des actions que nous portons déjà partiellement ou totalement et d’autres que nous devrons mettre en place. Tout cela n’a pas suffi à réduire la pauvreté ! Qu’est ce qui va changer ?
- Annexe B : les actions départementales.
La stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté, dans l’action départementale se résumerait à 2 actions :
- permettre à tous les enfants d’avoir accès au sport et à la culture
- au rôle actuel des Conférences Territoriales de Développement Social.
Sans doute très insuffisant. Il est d’ailleurs précisé que le plan d’action sera construit progressivement. Espérons-le. Allons-nous vers le revenu universel ?
Monsieur le Président, conscient que la situation d’un nombre grandissant de nos concitoyens n’est plus acceptable vous aurez compris mes interrogations et mes doutes sur ce nouveau dispositif.
Je vous remercie.
Michel MARCHAL